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Il arrive parfois que l’on soit bloqué. On ne sait pas quel type de photo faire. Je parle au niveau amateur ou dans une démarche d’auteur. Pour un reportage de commande c’est plus facile, il y a le sujet et un résultat à donner. Le chemin est tracé. En voyage c’est toujours plus facile aussi car il y a la découverte d’une nouvelle culture, un autre mode de vie, des personnes différentes, des paysages que l’on découvre. Connaissons nous tous les recoins autour de chez nous ? avons nous tout explorer ? certainement pas. L’inspiration est inépuisable, il faut aller la chercher aussi une piste est de faire des photos autour de chez nous.

Bâtir une démarche photographique

Le grand sujet. En fait en cherchant sur le net, on ne trouve pas grand chose. Certains disent, il faut s’imprégner, lire beaucoup de livres photos, aller voir des expositions, regarder ce que font les autres. D’autres préfèrent ne pas trop voir pour ne pas être influencés. C’est à chacun de trouver son chemin. Des stages photos, que l’on appelle aujourd’hui workshop (ateliers collaboratifs), webinaire, masterclass, cela peut aider. Surtout au niveau de la technique, de la méthode, de la réflexion et de l’inspiration.

Trouver un thème

Ce n’est pas en laissant le matériel dans le placard, que les photos se feront toutes seules. Il peut être très positif de passer des périodes, petites ou longues sans faire de photo. Quand ce n’est pas son métier principal, ce n’est pas grave. Il faut commencer par cesser de culpabiliser. Nous sommes dans une époque où tout va très vite, on a le droit de se donner du temps. Le temps que l’envie vienne. Si on se sent complétement bloqué, déçu de ce que l’on produit, cela peut arriver. De la patience et le désir va revenir. S’arrêter n’est pas du temps perdu, c’est celui de la maturation. Parfois également on trouve que ce que l’on fait n’est pas terrible. Là c’est autre chose, de la psychologie, faire des recherches sur la perfection, travailler à être moins perfectionniste, tout en gardant sa volonté de rigueur et de recherche de la qualité et très important en intégrant dans sa production sa personnalité.

Quand on ne sait pas quel chemin prendre, on peut commencer par en prendre un. Sortir avec un seul boitier et un seul objectif. Ceux que l’on aime bien. Cela peut-être du matériel ancien, peu importe. L’important c’est de se lancer. L’intérêt de sortir la canne à pêche, c’est d’aller à la pêche, pas de rapporter forcément du poisson.

Prendre comme guide cet adage de la contrainte nait la créativité. Se mettre des limites, je me déplace autour de chez moi. Quand je dis ça, c’est la limite de distance que l’on peut se permettre suivant les moyens de locomotion que l’on a. On peut faire quelques kilomètres. Certains on choisit pour thème leur trajet quotidien en train pour aller au travail, et des ballades autour de leur travail le midi. C’est une aération de l’esprit de se mettre dans la photographie.

La photographie c’est une écriture

Il est possible de différencier la photo « trophée », la recherche de l’effet waouh, que c’est net, que c’est beau ; de la photo qui est une expression de ce que vous avez envie de montrer, de dire ou seulement de garder trace. Elle ne sera pas forcément hyper belle, elle aura peut-être du charme, de la personnalité, un truc bien à elle. C’est comme une personne que vous aimez, elle n’est pas parfaite mais elle a quelque chose qui vous fait du bien. Ainsi une photo seule peut paraitre « banale » mais au sein d’une série qui raconte une histoire, elle peut avoir sa place. Ce n’est pas un trophée qui dit regarde j’ai tué le cerf, je rapporte sa tête pour le suspendre au mur, c’est autre chose. C’est le fruit d’une construction, une partie d’un tout qui lui va lui donner du sens.

Ce midi, j’en avais assez de travailler sur l’ordinateur. Je suis allé à la boulangerie, j’ai emporté le Leica M8 avec moi. Des travailleurs posaient la fibre dans le village. J’ai demandé si je pouvais faire quelques photos, avec le sourire, en leur disant vous faites votre travail, comme si je n’étais pas là. Je peux faire des photos de vous de dos, si cela vous gêne, ce qui m’intéresse c’est la pose de la fibre, c’est chouette que cela arrive, je suis très content de vous voir. Ils m’ont tous répondu aucun problème. Je n’ai pas fait la photo du siècle, mais je suis très content d’avoir documenté la pose de la fibre dans ma campagne. Je pense que les travailleurs étaient contents aussi car ils avaient le sourire. j’avais très peu de temps, j’ai fait peu de photos, je leur ai dit je dois filer travailler, je ne les ai pas dérangé, ce moment m’a rendu heureux. Cela aurait pu mal se passer, ils auraient pu dire non. Ce n’est pas grave, l’important c’était d’oser demander.

Prudence et conscience lors de publications de photos de personnes

Nous ne sommes pas toujours obligés de demander avant de faire des photos dites « de rue », car cela peut changer l’ambiance et retirer de la spontanéité. En France, dans des espaces publics l’autorisation de faire des photos n’est pas nécessaire. Toutefois quand il y a des personnes, en cas de publication, nous devons veiller à ne pas nuire à ces personnes. C’est une responsabilité. Ne pas publier quand les personnes sont dans des situations dégradantes, toujours penser au respect dû à chacun de nous. Cela est à appréhender suivant la situation. Faire comme on le sent, avec sa conscience. J’ai entendu un photographe qui a publié des photos de rue sur Facebook, avec un couple. C’était un couple illégitime. Le mari de la dame a vu la photo et en crise il a tué son épouse. La prudence est de mise lorsque l’on publie des photos de personnes sans leur accord. Pas forcément pour le risque de procès mais de part ce que la situation factuelle peut provoquer en réaction. Cela est rare et nous avons une liberté artistique mais, en cas de doute, la correction invite à demander avant ou après avoir réalisée la photo.

Ce n’est pas la photo du siècle mais je l’ai faite.

Alors cette photo on peut la critiquer. Je peux me justifier. C’était le midi et ils partaient en pause, il a fallu aller très vite. j’ai un objectif manuel ça me prend quelques secondes pour bien le régler car je ne suis pas encore habitué au télémètre, c’est pour ça aussi que je fais des photos, c’est un entrainement. Je ne voulais pas déranger les gens, j’avais seulement envie de faire des photos. Voilà elle est ce qu’elle est mais elle existe. Si j’étais passé, indifférent, je n’aurai rien. Rien à montrer, rien à écrire. Sa justification de l’acte photographique, c’est d’être là. Au traitement j’ai travaillé sur la couleur, accentué le jaune et le orange car ce sont des couleurs que j’adore et puis elles sont gaies ces couleurs et les personnes aussi. Il fait très beau, et le ciel est bleu. C’est simplement l’arrêt d’un instant de travail en mettant un peu de beauté. Pas besoin de l’effet waouh, on s’en fou. Alors il y a un poteau pas loin de la tête du pousseur de câble, oui je n’ai pas pu faire autrement car sinon je n’avais pas les 2 personnages sur la photo, déjà 2 autres étaient partis. Cela s’appelle du reportage, on ne peut pas tout contrôler, il faut aller vite. C’est en pensant à cela qu’il faut effacer son côté perfectionniste, sinon on ne fait que de la mise en scène ou rien du tout. Ta photo n’est pas académique car la personne avec le rouleau est contre le bord, tu n’as pas laissé assez d’espace. Et bien non, je n’ai pas fait une photo pour donner un cours de cadrage, j’ai fait une photo de la vie, d’un moment.

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